« Ma royauté ne vient pas de ce monde (…) non ma royauté ne vient pas d’ici »
Comme le nouveau-né de Bethléem, le condamné couronné d’épines doit nous étonner, nous désarçonner et nous faire entrer dans l’obscure lumière de la Révélation. Quel visage de Dieu nous révèle-t-il dans ce dialogue avec Pilate ?
A ce dernier qui le presse de questions, Jésus répond : “Tu l’as dit, je suis roi…” en précisant naturellement de quelle manière, ce qui ne fait qu’accroître la perplexité du procurateur. Il est venu pour servir, non pour être servi. pour s’abaisser et non pour dominer.
L’évangéliste Jean nous fait très bien percevoir l’aspect paradoxal de cette royauté du Christ en présentant les événements de la Passion comme un cérémonial inédit d’investiture. Jésus est revêtu d’un manteau de pourpre ; il est couronné d’épines et assis sur une estrade. La croix est le lieu de l’élévation où Jésus “attire tous les hommes à lui” (Jean 12, 32). Lui l’homme de condition divine ne cherche pas à dominer comme souvent notre imagination pourrait le penser ; mais à s’abaisser pour mieux se donner et se donner même totalement.
Le Royaume du Christ ne “vient pas de ce monde”, mais il est au cœur de ce monde. C’est le Royaume de l’intériorité : “Le règne de Dieu est parmi vous” (Luc 17, 21).
Ce Royaume n’est pas habité par des sujets, des soldats, des fonctionnaires et une cour, mais par des fils.
Les “fils du Royaume”, ainsi que Jésus les nomme, sont ceux qui cherchent la vérité, et qui humblement se mettent au service de cette vérité plus grande qu’eux.
La porte du Royaume s’ouvre pour nous dans le baptême et les sacrements. Mais l’entrée effective n’est pas à chercher seulement dans nos églises ou dans le secret de notre prière. Elle s’opère aussi dans le concret de notre vie.
Le Royaume est étonnement déjà présent et en construction dans chaque écoute patiente, chaque sourire encourageant, chaque fardeau partagé, chaque regard respectueux et aimant, chaque geste de paix et de réconciliation… Le royaume de Dieu est au milieu de nous !
Père Benoît Roze